C’est souvent très touchant de voir toute l’attention que l’on porte à un nourrisson et cet émerveillement qu’il suscite. Qui pourrait nier la pureté qui émane de cet être venu sur terre vivre la plus incroyable des expériences ? Nous viendrait-il à l’idée, de mal le nourrir, de l’empêcher de dormir, de lui faire boire de l’alcool, de le faire fumer, de le gaver de médicaments, ou de le tatouer ? Non, bien-sûr que non, ce serait de la maltraitance. Alors pourquoi nous l’infligeons nous ?
Depuis quelque temps, je m’interroge sur la question suivante : « Pourquoi l’adulte n’a t-il pas autant d’égards envers lui même qu’il n’en a envers ce nouveau né ? »
En fait, je pense que la majorité des gens n’ont pas une pleine conscience de leur propre corps et portent très peu d’attention à leur intégrité physique. Paradoxalement, les substances nocives comme l’alcool, le tabac ou encore le cannabis sont perçues comme des sources de bien-être. D’où cela vient t-il ?
Nos sociétés occidentales modernes mettent de plus en plus souvent à l’honneur la marchandise et non l’humain. La publicité nous vend un style de vie idéal, parfois glamour, en mettant en scène des produits nocifs comme l’alcool ou le tabac sans se soucier des conséquences.
Pris dans une espèce de folie consumériste mais aussi addictive, l’homme en arrive à minimiser les risques, jusqu’à les oublier, et à s’oublier lui-lui-même et il n’est pas rare que pour justifier ses excès, il utilise le doux euphémisme « de bon vivant » pour qualifier sa propre personne .
Et c’est quand viennent les premiers maux, qu’il commence seulement à parler de son corps et à le découvrir.
Culturellement, les parents n’éduquent pas non plus leurs progénitures dans cette idée de conscience du corps. Dans un premier temps, ils les surprotègent lorsqu’ils sont en bas âge, mais à aucun moment, plus tard, ils ne passent le relais en leurs expliquant que c’est à leur tour de s’aimer et se respecter. Bien-sûr, ils leurs inculquent quelques petites consignes d’usage lorsqu’ils sont enfants (« brosse toi les dents ! », « lave toi les mains ! ») mais très vite, ils les laissent disposer d’eux-mêmes. Ainsi, déresponsabilisés, les jeunes gens grandissent dans une espèce d’ignorance de leur propre intégrité physique. Ils expérimentent des choses, et deviennent, hélas, les proies potentielles de produits et comportements addictifs en tout genre.
Mais en fait, nous ne sommes pas obligés de subir cette maltraitance envers nous même que notre drôle de culture nous impose.
Alors pourquoi ne pas prendre définitivement le parti de se chouchouter ? S’imaginer nourrisson, penser que l’on mérite soi même tous ces égards, cette tendresse et cet amour ?
S’aimer, réellement, voilà selon moi, la solution ! Je ne vous parle pas de cet amour narcissique et déplacé qui nourrit toujours plus l’égo, mais du véritable amour, pur, lumineux, inconditionnel. Celui qui permet d’envisager son corps comme un véhicule, un vêtement sacré que l’on nous aurait prêté à la naissance.
S’aimer, au sens véritable du terme, n’est pas un acte égoïste, loin de là. C’est réaliser que chacun de nous représente une mini planète, avec un écosystème, des micro organismes, brefs des vies, d’autres vies à prendre en considération et à respecter.
Être à l’écoute de son corps, l’honorer, devient donc, par essence, un acte écologique premier. Il est eau, feu, air, et matière. Ainsi, par analogie, j’aime à penser que fumer une cigarette reviendrait à mettre le feu à une pinède, et boire un verre de whisky, faire un dégazage sauvage en plein océan.
Nous avons donc à notre échelle le pouvoir, mais aussi le devoir de sauver notre planète personnelle. Si chacun s’y activait, ce serait la meilleure des impulsions que nous puissions donner à l’écologie. Aligner nos mini planètes pour élever les consciences et agir indirectement et de manière positive sur LA planète.
Alors, soyons libres ! Car la liberté commence par le contrôle de soi, de son corps, de son propre univers.
ARTISTE MUSICAL
Jean–Louis Tilburg est chanteur et comédien français. Il pratique aussi le doublage et a travaillé à l’écriture et interprétation de plusieurs titres avec le groupe de rap « Squeegee ».
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Publié sur Avallon Digimag le 29 mars 2019 sous le titre « Amour de soi, premier pas vers l’écologie »
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